Titre officiel
Essai pivot ouvert mené à répartition aléatoire portant sur le recours à la radiochirurgie avec ou sans champs de traitement de la tumeur (CTT) dans des cas de 1 à 10 métastases cérébrales provenant d’un cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC)
Sommaire:
Il s’agit d’un essai pivot, prospectif et
contrôlé de phase III, mené à répartition aléatoire et ayant pour but d’évaluer
l’efficacité et l’innocuité ainsi que les résultats neurocognitifs de patients
atteints d’un CPNPC avancé à la suite d’une radiochirurgie stéréotaxique
dirigée contre 1 à 10 métastases cérébrales traitées à l’aide de
l’appareil NovoTTF-100A, par rapport à un traitement de soutien seulement.
NovoTTF‑100M est un appareil
expérimental portatif fonctionnant à piles qui applique en continu des champs
électriques alternatifs (champs de traitement de la tumeur, ou CTT) sur la
région où se situe la tumeur maligne au moyen de réseaux d’électrodes de
surface isolés.
Description de l'essai
Critère d’évaluation
principal :
- Délai précédant la première progression cérébrale
Critère d’évaluation
secondaire :
- Délai avant la défaillance neurocognitive
- Survie globale
- Réponse dans le cerveau observable à la radiographie
- Délai précédant la deuxième progression cérébrale
- Délai précédant les première et deuxième progressions
cérébrales évalué dans deux cohortes, 1 à 4 métastases
cérébrales et 5 à 10 métastases cérébrales.
- Taux de progression cérébrale après 2, 4, 6, 8, 10,
12 mois
- Survie sans progression intracrânienne
- Délai précédant la progression à distance dans la région
supratentorielle
- Taux du déclin de la fonction cognitive après 2, 4, 6, 8, 10,
12 mois
- Survie sans défaillance neurocognitive
- Évaluation de la qualité de la vie à l’aide du questionnaire QLQ C30
et de l’annexe BN20 de l’EORTC
- Toxicité pendant le traitement par NovoTTF-100M, selon l’incidence
et la gravité des événements indésirables en cours de traitement, évaluée
à l’aide de la version 4.0 des critères CTCAE
EXPÉRIENCE PRÉCLINIQUE ET CLINIQUE
ANTÉRIEURE :
L’effet des champs électriques (champs de traitement de la
tumeur ou CTT) a permis de montrer une activité importante dans les modèles de
CPNPC in vivo et in vitro, tant à titre de
monothérapie qu’en association avec des chimiothérapies. Il a aussi été montré
que les CTT empêchent la propagation métastatique d’un mélanome malin dans le
cadre d’une expérience in vivo.
Dans le cadre d’une étude pilote, 42 patients atteints d’un CPNPC avancé
ayant subi une progression tumorale après au moins un traitement
chimiothérapeutique antérieur, ont reçu le pemetrexed en association avec des
champs de traitement de la tumeur (150 kHz) appliqués sur la poitrine et
la partie supérieure de l’abdomen jusqu’à la progression de la maladie
(Pless M. et coll., Lung Cancer
2011). Les paramètres d’efficacité étaient remarquablement élevés par rapport
aux données historiques relatives à l’utilisation du pemetrexed seul. En outre,
un essai de phase III portant sur Optune® (200 kHz)
en monothérapie, comparativement à une chimiothérapie active administrée à des
patients atteints d’un glioblastome récurrent, a permis de montrer que les CTT
étaient équivalents à une chimiothérapie active pour ce qui est de la
prolongation de la survie, en plus d’être associés à une toxicité minimale, à
une bonne qualité de vie et à une activité cérébrale (taux de réponse de 14 %)
(Stupp R. et coll., EJC 2012).
Enfin, dans le cadre d’un essai de phase III portant sur Optune®
en association avec un traitement d’entretien par le témozolomide,
comparativement à un traitement d’entretien par le témozolomide seulement, a
permis de montrer que le traitement d’association a produit une amélioration
marquée tant de la survie sans progression que de la survie globale des
patients atteints d’un glioblastome nouvellement diagnostiqué, et ce, sans
toxicité de grade élevé ni diminution de la qualité de vie (Stupp R.
et coll., JAMA 2015). Il a
été montré que l’application de CTT à 150 kHz dirigés vers le cerveau pour
traiter 1 à 5 métastases cérébrales provenant d’un CPNPC à l’aide
de l’appareil NovoTTF-100M était sûre dans le cadre d’une étude pilote où les
patients ont été répartis aléatoirement après un traitement local de métastases
cérébrales au moyen d’une neurochirurgie et/ou d’une radiochirurgie
stéréotaxique pour recevoir soit un traitement par NovoTTF-100M, soit des soins
de soutien seulement. Dix-huit (18) patients ont été inscrits à l’étude.
Aucun événement indésirable grave (EIG) lié à l’appareil n’a été signalé
jusqu’à présent (Brozova H. et coll., Neuro Oncol 2016).
DESCRIPTION DE L’ESSAI : Tous les patients inclus dans cet essai
présentaient 1 à 10 métastases cérébrales supratentorielles
provenant d’un CPNPC, qui se prêtaient à un traitement par une radiochirurgie
stéréotaxique. De plus, tous les patients devaient satisfaire à l’ensemble des
critères d’admissibilité. Les patients admissibles seront répartis
aléatoirement parmi l’un des deux groupes suivants : 1. Patients soumis à
une radiochirurgie stéréotaxique suivie de CTT appliqués à l’aide du
système NovoTTF-100M; 2. Patients soumis à une radiochirurgie
stéréotaxique seulement et recevant des soins de soutien. Les patients des deux
groupes de l’étude pourraient recevoir un traitement systémique contre leur
CPNPC, et ce, à la discrétion de leur médecin traitant. Les patients seront
répartis aléatoirement selon un rapport de 1:1. Les patients inscrits dans
les deux groupes seront soumis aux examens initiaux. Les patients affectés au
groupe NovoTTF-100M seront traités en continu au moyen de l’appareil, et ce,
jusqu’à la deuxième progression cérébrale. Dans les deux groupes, les patients
qui subissent une récurrence dans un endroit ou un autre du cerveau se verront
offrir un des traitements de secours suivants (selon la pratique locale), y
compris, sans toutefois s’y limiter :
- Intervention chirurgicale
- Nouvelle radiochirurgie stéréotaxique
- Les patients soumis à une radiothérapie du cerveau entier
appartenant au groupe témoin se verront offrir la possibilité de passer au
groupe soumis à un traitement par l’appareil NovoTTF-100M et des CTT
après un traitement de secours contre une deuxième progression cérébrale
lorsque le chercheur estime que cela est dans l’intérêt supérieur du
patient et que celui-ci y consent.
CONTEXTE SCIENTIFIQUE :
Les champs
électriques exercent sur les charges électriques des forces semblables à
celles exercées par un aimant sur des particules métalliques dans un champ
magnétique. Ces forces provoquent le mouvement et la rotation des éléments
constitutifs biologiques électriquement chargés, phénomène qui s’apparente
à l’alignement des particules métalliques observé le long des lignes de
force rayonnant d’un aimant. Les champs électriques peuvent également
causer une contraction des muscles et, s’ils sont assez forts, chauffer
les tissus. Les CTT sont des champs électriques de faible intensité. Cela
signifie qu’ils changent de sens à répétition plusieurs fois par seconde.
Comme ils changent de direction très rapidement (150 000 fois
par seconde), ils ne causent pas de contractions musculaires et n’ont pas
d’effets sur les autres tissus activés électriquement dans l’organisme (le
cerveau, les nerfs et le cœur). Puisque l’intensité des CTT dans l’organisme
est très faible, ils ne chauffent pas les tissus. L’avancée faite par
NovoCure repose sur le constat que des champs alternatifs ajustés avec
précision et de très faible intensité, maintenant appelés CTT (champs de
traitement de la tumeur), provoquent un ralentissement important de la
croissance des cellules cancéreuses. En raison de la forme géométrique
unique des cellules cancéreuses lorsqu’elles se multiplient, les CTT
forcent les éléments constitutifs de ces cellules qui sont électriquement
chargés à se déplacer dans la cellule en division, ce qui perturbe leur
fonction et entraîne leur mort. En outre, les cellules cancéreuses
contiennent des éléments constitutifs miniatures qui agissent comme de
petits moteurs pour déplacer les parties essentielles des cellules d’un
endroit à l’autre. Les CTT altèrent l’orientation habituelle de ces petits
moteurs par rapport aux autres composantes cellulaires, car ils possèdent
aussi une charge électrique. Grâce à ces deux effets, la division
cellulaire des tumeurs ralentit, ce qui provoque la mort cellulaire, et
elle peut même régresser après une exposition continue aux CTT. Les autres
cellules de l’organisme (tissus sains normaux) sont beaucoup moins
touchées que les cellules cancéreuses puisqu’elles se multiplient beaucoup
plus lentement, voire pas du tout. De plus, les CTT peuvent être dirigés
vers une partie du corps en particulier, épargnant ainsi les zones
sensibles. Enfin, la fréquence des CTT appliqués à chaque type de cancer
est spécifique et pourrait ne pas endommager les cellules se divisant
normalement dans les tissus sains. En conclusion, les CTT pourraient
constituer un nouveau traitement anticancéreux prometteur contre les
métastases cérébrales provenant d’un CPNPC comportant très peu d’effets
secondaires.
Voir cet essai sur ClinicalTrials.gov