Titre officiel
Étude pivot, à répartition aléatoire et ouverte des champs de traitement de la tumeur (CTT, 150 kHz) concomitants avec la gemcitabine et le nab-paclitaxel pour le traitement de première intention de l’adénocarcinome pancréatique localement avancé
Sommaire:
Résumé succinct : Il s’agit d’une
étude prospective de phase III contrôlée et à répartition aléatoire visant
à tester l’efficacité et l’innocuité des champs de traitement de la tumeur
(CTT) en association avec la gemcitabine et le nab-paclitaxel, pour le
traitement de première intention de l’adénocarcinome pancréatique localement
avancé. L’appareil consiste en un dispositif expérimental, portable et
fonctionnant sur batterie pour l’administration chronique de champs électriques
alternatifs (appelés CTT) dans la région de la tumeur maligne, au moyen de
rangées d’électrodes de surface isolées.
Description de l'essai
Critère d’évaluation principal :
Critères d’évaluation secondaires :
- Survie sans progression
- Survie sans progression locale
- Taux de réponse objective
- Taux de survie d’un an
- Qualité de vie
- Survie sans douleur
- Survie sans perforation
- Taux de résécabilité
- Profil de toxicité
EXPÉRIENCE
PRÉCLINIQUE ET CLINIQUE ANTÉRIEURE : L’effet des champs électriques (CTT)
a permis de montrer une activité importante dans les modèles précliniques d’adénocarcinome
pancréatique in vivo et in vitro, tant à titre de monothérapie qu’en
association avec des chimiothérapies. Il a été démontré que les CTT agissent en
synergie avec les taxanes et qu’ils sont additifs lorsqu’ils sont combinés à d’autres
chimiothérapies, dont la gemcitabine. Il a aussi été montré que les CTT
empêchent la propagation métastatique d’un mélanome malin dans le cadre d’une
expérience in vivo.
Dans une étude pilote, 40 patients atteints d’adénocarcinome pancréatique
localement avancé ou métastatique ont reçu de la gemcitabine en association
avec des CTT (150 kHz) ou de la gemcitabine et du nab-paclitaxel en
association avec des CTT (150 kHz) appliqués sur l’abdomen jusqu’à
progression de la maladie. L’association a été bien tolérée et le seul effet
indésirable lié au dispositif a été la dermatite de contact.
En outre, un essai de phase III portant sur Optune® (200 kHz) en
monothérapie, comparativement à une chimiothérapie active administrée à des
patients atteints d’un glioblastome récurrent, a permis de montrer que les CTT
étaient équivalents à une chimiothérapie active pour ce qui est de la
prolongation de la survie, en plus d’être associés à une toxicité minimale, à
une bonne qualité de vie et à une activité cérébrale (taux de réponse de
14 %) (Stupp R. et coll., EJC 2012). Enfin, un essai de
phase III portant sur Optune® en association avec un traitement d’entretien
par le témozolomide, comparativement à un traitement d’entretien par le témozolomide
seulement, a permis de montrer que le traitement d’association a produit une
amélioration marquée tant de la survie sans progression que de la survie
globale des patients atteints d’un glioblastome nouvellement diagnostiqué, et
ce, sans toxicité de grade élevé ni diminution de la qualité de vie
(Stupp R. et coll., JAMA 2017).
DESCRIPTION DE L’ESSAI : Tous les patients inclus dans cet essai sont des
patients atteints d’adénocarcinome pancréatique localement avancé. De plus,
tous les patients devaient satisfaire à l’ensemble des critères d’admissibilité.
Les patients admissibles seront répartis aléatoirement parmi l’un des deux
groupes suivants :
· Les
patients reçoivent la gemcitabine et le nab-paclitaxel en association avec des
CTT au moyen du système NovoTTF-100L(P).
· Les
patients reçoivent de la gemcitabine et du nab-paclitaxel sans CTT.
Les patients
seront répartis aléatoirement selon un rapport de 1:1. Les patients
inscrits dans les deux groupes seront soumis aux examens initiaux. Les patients
affectés au groupe NovoTTF-100L(P) seront traités en continu au moyen du
dispositif et ce, jusqu’à progression dans l’abdomen. Dans les deux groupes,
les patients qui ont une progression à l’extérieur de l’abdomen passeront à un
traitement de deuxième intention selon la pratique locale.
CONTEXTE SCIENTIFIQUE : Les champs électriques exercent sur les charges
électriques des forces semblables à celles exercées par un aimant sur des
particules métalliques dans un champ magnétique. Ces forces provoquent le
mouvement et la rotation des éléments constitutifs biologiques électriquement
chargés, phénomène qui s’apparente à l’alignement des particules métalliques
observé le long des lignes de force rayonnant d’un aimant.
Les champs électriques peuvent également causer une contraction des muscles et,
s’ils sont assez forts, chauffer les tissus. Les CTT sont des champs
électriques de faible intensité. Cela signifie qu’ils changent de sens à
répétition plusieurs fois par seconde. Comme ils changent de direction très
rapidement (150 000 fois par seconde), ils ne causent pas de
contractions musculaires et n’ont pas d’effets sur les autres tissus activés
électriquement dans l’organisme (le cerveau, les nerfs et le cœur). Puisque l’intensité
des CTT dans l’organisme est très faible, ils ne chauffent pas les
tissus.
L’avancée faite par NovoCure repose sur le constat que des champs alternatifs
ajustés avec précision et de très faible intensité, maintenant appelés CTT
(champs de traitement de la tumeur), provoquent un ralentissement important de
la croissance des cellules cancéreuses. En raison de la forme géométrique
unique des cellules cancéreuses lorsqu’elles se multiplient, les CTT forcent
les éléments constitutifs de ces cellules qui sont électriquement chargés à se
déplacer dans la cellule en division, ce qui perturbe leur fonction et entraîne
leur mort. En outre, les cellules cancéreuses contiennent des éléments
constitutifs miniatures qui agissent comme de petits moteurs pour déplacer les
parties essentielles des cellules d’un endroit à l’autre. Les CTT altèrent l’orientation
habituelle de ces petits moteurs par rapport aux autres composantes
cellulaires, car ils possèdent aussi une charge électrique. Grâce à ces deux
effets, la division cellulaire des tumeurs ralentit, ce qui provoque la mort
cellulaire, et elle peut même régresser après une exposition continue aux
CTT.
Les autres cellules de l’organisme (tissus sains normaux) sont beaucoup moins
touchées que les cellules cancéreuses puisqu’elles se multiplient beaucoup plus
lentement, voire pas du tout. De plus, les CTT peuvent être dirigés vers une
partie du corps en particulier, épargnant ainsi les zones sensibles. Enfin, la
fréquence des CTT appliqués à chaque type de cancer est spécifique et pourrait
ne pas endommager les cellules se divisant normalement dans les tissus
sains.
En conclusion, les CTT pourraient constituer un nouveau traitement
anticancéreux prometteur contre l’adénocarcinome pancréatique comportant très
peu d’effets secondaires.
Voir cet essai sur ClinicalTrials.gov